Civil Journal de Marie-Elise De la Touche

[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Que dire … le mot abandonner me parait un peu fort mais cette lutte n’apporte rien de bon. Je me demande pourquoi je me bat. Même si j’ai reçu quelques messages de soutien au début, je dois toujours tenir tête seule face à Papi et son groupe. Aujourd’hui j’ai compris que ma lutte était vaine et qu’il arriverai toujours à déformer la vérité à son avantage. Il sera excusé de tout, et avec ce qu’il m’a dit il pourrait même retourner toute l’histoire contre moi. Même si je résiste, il arrive tout de même à se servir de moi.

L’autre soir il est venu me chercher pour m’emmener un peu à l’écart, où nous pourrions discuter. Après cela, il m’a rapporté comme un trophé à la gendarmerie, un test de plus. Il ne s’en est même pas caché. Il voulait savoir ce que je dirai aux gendarmes. qu’est-ce que j’aurai pu dire, qu’il m’avait briefé pour l’audience ? qu’il était armé ? Tout ce que j’avais confié au gendarme la veille lui a été raconté. Papi n’était pas très content de ce que je leur avait dit. Je ne pensais pas que les gendarmes allaient lui rapporter mes paroles. Il m’a aussi dit que certains gendarmes sont plus touchés par ce qui arrive. Je crains qu’ils soient visés plus personnellement si cela continue vu la façon dont il en parle. Quand il parle des personnes qui ont tenté de me protéger, il le fait avec tellement de dégoût et d’estime que j’ai l’impression qu’il fera n’importe quoi pour les évincer.

Si ce qu’il m’a dit est vrai, mais j’en doute, laisser tomber ne fera pas en sorte qu’il me laisse tranquille. Mais enfin, rien ne coûte d’essayer. Je peux le comprendre sur certains points même si je n’adopte pas son point de vue. Il ment tellement souvent que tout devient flou. Qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est inventé ? Je suis perdue et fatiguée. C’est un échec personnel de me montrer faible devant lui. Mais peut-être que tout est vrai et qu’il n’a pas fait ça méchamment. S’il reçoit du soutien, c’est peut-être que j’ai une mauvaise vision des choses. J’aurai peut-être dû agir plus gentillement, je me suis peut-être trompée sur son compte.

** Marie-Elise s'endormit, lâchant son journal, une bouteille à la main**

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Maintenant que tout à l’air de se calmer je peux de nouveau ouvir la AriSteel. Les agents de la BRF ont même décidé de venir faire un contrôle. Tout est en ordre au niveau des stocks et de l’administratif. Une bonne nouvelle.


Il y a quelques jours, alors que nous avions traité de l’acier pendant plusieurs heures, des personnes se sont introduites dans la AriSteel. Ces personnes sont vraiment sans-gêne. Ils entrent comme chez eux, vont dans un entrepôt, et décident de quitter les locaux en ne voulant même pas donner la raison de leur venue. Quelques minutes plus tard, les hommes reviennent prétextant que nous leur avions mal parlé. Apparemment ils ne connaissent pas la notion de propriété privée, ni de respect. Mon interlocuteur, particulièrement agaçant, n'arrêtait pas de parler, de changer de sujet à chaque phrase, si bien que cela en devenait complètement incompréhensible. Au bout de longues minutes de conversation, j’ai pu aisément comprendre qu’il mentait sur toute la ligne, vu qu’il n’y connaissait rien. Il a ensuite sorti une arme suivi par ses acolytes. Il voulait que je lui vende l’entreprise ou bien il nous tuait. C’est facile de menacer des personnes quand il n’y a pas de gendarmes en service. Ils ont fini par nous dire que c’était une caméra cachée. Mais le fait qu’ils ai clairement atteint à notre vie, a fortement déplu au philosophe et à moi-même.

Nous avons décidé de reprendre notre sang froid, mais quelques heures seulement après j’ai un doute sur une personne que j’entend non loin de moi. Le philosophe, qui était avec moi, confirme qu’il a les mêmes soupçons. Depuis nous les avons recroisés plusieurs fois. Il est assez clair qu’ils ont des choses à se reprocher.


Quelques temps avant cet incident j’ai pu aller passer un peu de temps, loin de Kavala avec … le mystérieux. Il me cache quelque chose, un secret. D’abord son identité et maintenant autre chose. Je découvrirai ce que c’est, même si j’ai déjà une piste. Il est resté plutôt vague sur certaines de mes questions... Enfin, il se confiera quand il en aura envie. En tout cas, cela m’a fait du bien de m’éloigner de ce dont j’ai l’habitude et littéralement de prendre de la hauteur.


Il y a quelques jours, j’ai décidé de ne plus témoigner contre Papi. Apparemment c’est déjà arrivé aux oreilles de certaines personnes qui ne sont pas contentes de cette décision. Je ne sais pas comment leur expliquer. Quand je pense à tout ça, je n’ai plus que sa voix grave et ses mots qui reviennent et résonnent dans ma tête. Il arrive à justifier ces actes, mais c’est vrai qu’il dénigre aussi beaucoup les personnes qui m’entourent. Cela permet de le mettre en valeur. Le fait qu’il me parle d’Ed attire aussi ma curiosité. A chaque fois que quelqu’un parle de lui, cela me rappelle qu’il n’est plus là et à quel point il a laissé un vide en moi que je n’arrive pas à combler. Edouard, tu me manques tellement.

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[Marie-Elise De la Touche]

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Cher journal,


“Une journée chargée en émotions” comme a pu dire le philosophe après cette journée éprouvante.


La journée débute avec l’ouverture de la AriSteel. J’embauche deux intérimaires, ils m’ont paru suspects, mais comme il ne faut pas juger sur les apparences je les ai laissé partir avec un camion chacun. Pendant leur trajet, nous décidons d’aller transformer un peu d’acier. Nous sommes à peine arrivés près d’Agios que la gendarmerie me contacte pour me dire qu’ils ont arrêtés nos deux intérimaires. Nous sommes allé chercher les camions et à notre retour un des intérimaires est venu nous parler. Cette personne a facilement avouée qu’elle avait braqué plusieurs camions et a plusieurs reprise pour certains. Pour lui, il n’y avait aucun problème et ce n’était absolument pas grave. Cette même personne plus tard dans la journée, viendra voler un camion dans l’enceinte de la AriSteel avec sa cargaison pour aller le vendre à la bourse.


Mais autre chose me tourmente plus. Hier, j’ai perdu quelqu’un de très proche, un ami de longue date qui m’a épaulé dès mes premiers jours sur l’île. Nous avons fait quelques bétises, mais nous avons toujours beaucoup rigolé. J’ai essayé d’être le plus disponible pour lui, même dans les moments difficiles. Il est venu me parler quelquefois de choses qui le tourmentait. Il avait déjà tenté de se suicider pendant son mandat en tant que maire de Kavala. je pensais qu’il allait mieux. Il faut croire que je me trompais.

Desmond, pourquoi as-tu fait ça ?

Hier Desmond est venu à la AriSteel. J’ai du m’absenter quelques minutes pour raccompagner un ami à Néo, laissant le philosophe et Desmond seuls dans la société. A mon retour je ne vois plus que Desmond et il me raconte que le philosophe a eu un accident en glissant de l’échelle. Je le suis à l’étage et arrivée en haut du bâtiment, il me plaque au sol et me menotte. Desmond nous a mis dans sa voiture et nous avons roulé pendant des heures. Il voulait parler à un certain major de la gendarmerie. Celui-ci mettait du temps à répondre et je voyais que Desmond s’impatientait. Je ne savais pas quoi penser, je connais Desmond et il n'aurait pas pu nous faire de mal, mais je sais aussi qu’il a des moments de folie. A une époque, il avait voulu faire du mal à sa soeur pour arriver à ses fins. Il a été plutôt silencieux avec nous, ne voulant pas répondre à nos questions. Il s’énervait vite et le philosophe a pris quelques coups. Desmond n’avait pas l’air d’être dans son état normal, la conviction qu’il ne nous ferai aucun mal, a assez vite disparu.

Le major a finalement coopéré et Desmond le guidait pour lui indiquer où aller, alors que nous le suivions avec une autre voiture. Je pense que Desmond voulait que l’on soit sur d’être seuls. Nous nous sommes éloignés de Kavala pour arriver proche d’un endroit où je ne me suis rendue qu’une seule fois. Est-ce la situation ou l’endroit, mais je ne pu m'empêcher de penser au dissimulé. Arrivé sur le littoral nous tombons nez à nez avec plusieurs groupes de rebelles. Vu la réaction de Desmond, ce n’était pas prévu. Nous avons laissé le gendarme avec les rebelles et Desmond a fait demi-tour. Quand il a entendu le russe, ancien chef du FOE, parler, j’ai vu qu’il y voyait une façon d’en finir. Nous avions peur que cela se termine mal. Je ne comprend pas vraiment ce que Desmond voulait faire avec nous, mais je ne souhaitais pas qu’il se fasse abattre. Ils nous a démenotté et laissé dans une petite maison en ruine. Quelques minutes plus tard, nous avons vu des rebelles courir sur notre position. J’essayai de me convaincre qu’ils n’allaient pas nous tirer dessus car nous n’avions rien fait et étions là contre notre gré. Mais quand nous avons entendu les rebelles dire “s’il y a quelqu’un dans la maison on les abats”, j’ai cru qu’ils ne se poseraient pas de questions et qu’ils allaient nous tuer. Je crois qu’un contre-ordre a été donné, et quand ils nous ont trouvé dans la maison, ils nous ont épargné.

Un homme et le russe m’ont salué. Nous ne sommes pas rencontré souvent avec le russe. Je l’ai croisé lors de certaines de ces affaires, je pense qu’il ne m’a pas toujours remarqué ou reconnu et c’est mieux comme ça. Je pense d’ailleur qu’il a su mon nom juste parce que l’autre homme m’a appelé par mon nom de famille. Mais cela ne me dit pas comment l’autre homme me connaissait. Ils nous ont prié de monter dans la voiture et de partir. Le russe a quand même demandé à ce que l’on oriente nos votes pour Jarosz. A chaque fois que j’entend son nom, il y a une histoire avec des rebelles non-loin. Cela me fait penser que leur parti m’avait contacté et que j’avais souhaité les rencontrer. Au final je n’ai jamais pu leur parler. A part les rumeurs sur leur convictions, je ne connais qu’assez peu ce qu’il propose. Je n’ai pas pu me libérer pour les différents meetings qu’il y a eu, enfin je peux comprendre qu’ils n’aient pas pris du temps pour me recevoir, au final ma voix n’a pas vraiment d’importance.

Au final les rebelles n’ont pas fait de mal à Desmond. Pourtant j’ai bien vu qu’il les provoquait pour en finir. Desmond ne voulait pas aller en prison, il ne voulait pas être jugé pour sa complicité avec le LPA et pour tout ce qu’il avait pu faire. Il a demandé au major de s'arrêter sur le côté de la route pour qu’il puisse mettre fin à la vie de Desmond. Je ne me souviens pas trop du trajet du retour, j’étais sûrement encore sous le choc. Je me souviens que Desmond se frappait la tête contre la vitre, il y avait du sang. Voir mon ami dans un tel état de détresse m’a touché et les gendarmes ne comprenaient pas que je puisse me soucier de la santé de Desmond alors qu’il m’avait retenue prisonnière. Même après ce qu’il venait de faire, il reste le Desmond que j’ai toujours connu. Il a été emmené dans une salle de la gendarmerie à l’étage. Quelques minutes plus tard, un coup de feu a retenti. J’ai eu une seconde de terreur et, celle d’après, j’ai réalisé : C’est Desmond.


Il est mort.



Desmond est mort.


Entouré de gendarmes, nous avons demandé ce qu’il s’est passé. La version des gendarmes était différente de l’un à l’autre sur ce qu’il est arrivé lors de l’interrogatoire. Je ne comprend pas. Je me souviens lui avoir ouvert la porte il y a seulement quelques heures. Nous avons même rigolé ensemble. Ca ne peut pas être vrai. Comment est-ce que cela a pu se produire ? Cette flaque de sang, cette odeur. Comment est-on passé de la joie des retrouvailles à cette flaque de sang ?


**Le reste de la page est illisible, effacé par les larmes**

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Cette nuit, tout comme la précédente, n’a pas été très facile. Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il ne soit plus là. Je repense en boucle à tout ce qu’il s’est passé. De toutes les personnes qui étaient là, j’étais celle qui connaissait le mieux Desmond, j’aurai du me rendre compte plus vite de ce qu’il voulait faire. J’aurai pu trouver les mots pour le raisonner. J’aurai du faire tellement plus pour mon ami.


Une vidéo a été postée sur les réseaux sociaux rendant hommage à Desmond. Je ne sais pas qui est cette personne mais elle a bien compris qui était Desmond, quelqu’un de bien. C’est étrange, je connaissais bien Desmond mais je ne connais pas la personne qui a fait la vidéo.


Hier soir, le philosophe et moi avons été invité à un événement du MPAD. Nous nous y sommes rendu. Pour ma part, je pense que mon choix est fait, mais cela rien ne coûtait d’aller voir ce qu’il allait se dire. Arrivée sur Vegas, j’ai vu que le philosophe était dans le même état que moi. L’espace ouvert et exposé nous a mis mal à l’aise. Je vois bien qu’il est encore choqué par ce qu’il s’est passé. Je le suis aussi et j’espère que les flash de cette soirée vont arrêter de me hanter. Nous avons pris place à l’ombre et petit à petit les autres invités sont arrivés. Il y avait des civils mais aussi la gendarmerie, les agents de la Vegas sécu et la BGS. Le nombre de personnes armées m’a angoissé et, en croisant le regard du philosophe, j’ai compris qu’il souhaitait également quitter les lieux.


Nous avons donc décidé de partir en prévenant Avenald. Je me doutais qu’il connaissait Desmond. Je ne savais pas s’ils étaient proche, mais il me semblait important qu’Avenald soit au courant de son décès. Au vu du contexte, ce n’était peut être ni le bon endroit, ni le bon moment pour lui annoncer, mais est-ce qu’il y en a vraiment un ? Il m’a semblé touché par la nouvelle et nous a confié que Desmond et lui avaient bien discuté par le passé. J’ai tenté de rester stoïque, mais le simple fait d’évoquer sa disparition me met les larmes aux yeux. Avenald a demandé les raisons qui avaient poussé Desmond a faire un tel acte. Nous n’avons pas vraiment pu lui expliquer les motifs de son acte.


Durant mes périodes d’insomnies j’ai repensé à ce qu’il s’est passé une fois avec Desmond. Cette fois la ou il m’avait fait une demande un peu particulière. Par la suite, j’avais pu observer pour la première fois, qu’il pouvait sombrer dans une sorte de folie. Enfin, c’est plutôt qu’il était complètement aveuglé par la rage. Il était venu se confier et après un passage difficile il avait réussi à reprendre le dessus.

J’ai toujours cette clé USB qui me rappelle ce passage un peu tourmenté de sa vie.

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Suite à cela, nous sommes retournés à la AriSteel. Avec tout ce qu’il s’est passé ces dernières semaines, je ne peux plus me permettre d’être trop absente pour ma société. Et puis, travailler me change un peu les idées même si les lieux me rappellent des personnes qui ne sont plus là. Nous avons donc encadré quelques intérimaires et organisé une vente.


Je n’ai plus de nouvelles de Papi ou de son groupe depuis quelques jours. Cela me fait un peu d’air. Ce n’est pas plus mal de ne plus penser à tout ça. J’ai encore reçu des messages me disant que l’on surveillait tout mes faits et gestes. Mais bon avec le temps, on ne sait jamais quel crédit accorder à ce genre de messages. En début de soirée, j’ai aussi repris contact le mystérieux. J’avais peur d’avoir fait quelque chose de mal la dernière fois que l’on c’était vu, comme il ne m’avait pas recontacté depuis. Mais apparemment nous avons juste été tout les deux assez occupés. J’espère que nous allons pouvoir nous revoir rapidement.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


J’ai reçu un mail il y a quelques jours. C’est un envoi automatique que Desmond avait programmé. Apparemment il avait prémédité notre enlèvement et il souhaitait en finir. Ses mots me bouleversent. Entendre sa voix me met les larmes aux yeux.

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Je me souviens avoir lu que le véritable legs d’un décédé est la culpabilité de ceux qui lui survivent. Je tente de faire mon deuil, de souffrir en silence, en espérant qu’un jour j’arrive à accepter qu’il ai décidé de nous quitter.


Je n’en ai pas forcément parlé au mystérieux. Son pseudo ne lui convient plus trop d’ailleur, il n’est plus si mystérieux que ça. Nous nous sommes revu plusieurs fois ces derniers jours. Il m’a confié certaines informations qui me permettent de mieux le cerner. Comment peut-il me faire confiance aussi vite ? D’un côté cela me fait plaisir qu’il se confie et que la piste que j’avais imaginé soit la bonne, mais d’un autre côté je trouve que cela n’est vraiment pas prudent. J’espère qu’il prend plus de précautions en général, parce que je ne souhaiterai pas que tout ça s’ébruite. Lui qui a l’air si calme, j’aurai eu du mal à imaginer ça. Il a tout de même l’air de cacher beaucoup de choses.


Je me demande si quand il travaille il est différent de celui avec qui j’ai passé du temps. C’est vrai que le voir en tenue, le rend encore plus impressionnant. J’ai failli faire un pas en arrière par réflexe, mais bon il faut que j’arrive à avoir plus de self-control. Malheureusement, même s’il a décidé de m’avouer quelques informations, je crains ne jamais pouvoir en faire autant.


Mais plus je passe du temps avec lui, plus j’en sais et plus j’ai l’impression d’avancer dans la gueule du loup. J’ai peur de me retourner et de voir le piège se refermer sur moi. Après tout, il m’a dit que je n’avais normalement pas le droit de savoir. Si les autres l’apprennent, ils se retourneront peut-être contre moi. Enfin pour ça il faudrait que je les rencontre, et je pense que ce n’est pas pour tout de suite.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


J’ai assisté à une cérémonie organisée à VEGAS par les gendarmes. J’avoue ne pas trop avoir compris pourquoi j’ai été invitée, je me sentais un peu seule au milieu de tous ces hommes en uniforme. Heureusement que quelques pompiers étaient là, j’ai pu rigoler un peu avec eux. Il faut dire que depuis que j’ai changé les chaises de la AriSteel, il n’y a plus autant de blessé et je vois les pompiers moins souvent .


J’ai travaillé un peu pour ma société puis j’ai poursuivi ma soirée avec cet homme. Nous nous sommes baladés, nous avons appris à faire plus ample connaissance en partageant notre passé. C’est étrange cette façon dont il a de se méfier de tout. D’une voiture inconnue à ses propres camarades, il évite tout. Je me demande vraiment comment il fait pour occuper son poste s’il est tout le temps comme ça.


Il a également voulu m’initier au tir. C’est vrai que je lui avait dit que je n’avais jamais tiré… j’aurai peut-être du lui dire la vérité dès qu’il a commencé à m’en parler. Il faut que je me réhabitue à la présence et au bruit des armes. Je ne peux pas continuer à angoisser dès que j’en vois une. Mais quand je repense qu’en un coup j’ai perdu un de mes meilleurs amis. Je ne les vois plus comme un objet de défense mais comme un objet meurtrier.


Enfin, il va bien falloir que j’apprenne à me défendre. Les deux trois choses que l’on m’avait apprises étaient sur des armes un peu plus grandes et je me souviens avoir apprécié les enseignements, même si à l’époque mon but était tout autre. Avec le temps, j’ai tout oublié. Mais je me souviens qu’à l’époque je m’étais prise au jeu et que cela m’avais plu. Pourquoi ne pas retenter. On verra s’il me propose.

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[Marie-Elise De la Touche]

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Cher journal,

La vie reprend doucement un chemin plus calme, moins tourmenté.


Hier nous avons été chercher des matières premières pour la transformation de l’acier. Tout d’abord chez un particulier a Charkia. Plus tard nous sommes allé récupérer une partie de notre commande à la Blood. Accompagnée du philosophe nous avons traité jusqu’à la tombée de la nuit.


Je suis ensuite allée voir l’audacieux. Après tout ce que j’ai appris, je pense que c’est un mot qui peut le qualifier, du moins, en partie. De mon point de vue, il est posé et réfléchi, mais il a cette qualité qui le pousse à accomplir des actions difficiles. Je pense à ce qu’il fait tous les jours mais également au fait qu’il ai choisi de tout me confier. Il m’avait proposé un petit tour en hélicoptère. J’ai été un peu surprise de la destination. Nous avons survolé l’est en discutant jusqu’à ce qu’un hélicoptère rebelle nous demande de nous poser. Nous coopérons et nous avons pu reprendre notre route. L’audacieux semblait embêté que l’on nous ai vu ensemble et que l’on puisse faire un lien entre nous. Nous sommes retournés sur Kavala où j’ai sorti ma Lotus qui prenait un peu la poussière dans mon garage.


J’ai déjà organisé quelques rendez-vous pour ce soir. Le dissimulé a repris contact avec moi, je pense que nous avons tout deux pas mal de choses à nous dire. La Blood a également terminé de préparer ma commande, je vais essayer d’aller la chercher dès qu’ils seront disponible. Je m’attend aussi au passage d’autres personnes, enfin je verrai bien.


Je vais profiter d’un moment de répit avant que mes premiers rendez-vous arrivent pour envoyer les informations sauvegardées sur mon serveur.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Je n’ai pas passé beaucoup de temps sur l’île ces deux derniers jours. Cela doit être la saison des tempêtes et altis météo a du mal à les prévoir. C’est embêtant car cela gène nos travailleurs et abîme nos cargaisons. Cela fait quelques jours que je ne fait plus partir de travailleurs. Premièrement parce qu’il y en a moins en ce moment et aussi parce qu’ils sont assez déçu et découragés quand ils ont presque fini leur trajet et qu’une tempête imprévue fait s’envoler leur cargaison. Je fais parfois un geste pour les remercier du travail qu’ils ont effectué mais de mon côté les entrepôts ne se remplissent pas vraiment. Enfin je sais que le vent peut tourner rapidement et je prend mon mal en patience.


Après les aléas de la météo, j’ai enfin pu avoir ma livraison de charbon et de fer. Je repasserai commande dès ce soir. J’ai pu assister aux différents rendez-vous que j’avais programmé. En ce moment je dois prendre des décisions pour la AriSteel. Je pense qu’il va falloir que je pèse le pour et le contre sur toutes les situations.


J’ai revu l’audacieux, nous passons beaucoup de temps à discuter. Nous nous sommes baladés un peu dans le sud et nous sommes passés par le champs de tir. Cela m’a rappelé quelques souvenirs. J’ai l’impression de lui mentir à ce sujet, mais je ne lui ai juste pas tout dit. Je ne pense pas qu’il puisse me reprocher ce que j’ai fait dans le passé, mais cela changera peut-être sa vision sur moi. J’espère que si un jour il l’apprend, il comprendra que les circonstances étaient différentes. Je ne sais pas ce qu’il pourrait se passer si d’un coup il se mettait à douter de moi.


Je lui ai également dit pour la mort de Desmond. J’arrive doucement à prendre conscience qu’il n’est plus là et à l’accepter. Mais je reste encore choquée par la façon dont tout cela s’est déroulé. J’essaye de ne pas trop y penser. En avoir parlé à quelqu’un et surtout à l’audacieux me permet d’avancer.


Hier soir, après avoir roulé, nous sommes allés sur une plage. Il a commencé à me dire que s’il lui arrivait malheur, il aurait aimé que je récupère ses affaires. Je sais qu’il fait quelque chose de dangereux, mais je ne peux pas imaginer cette possibilité, il ne faut pas y penser. Il ne peut pas me dire ça, juste comme ça. Surtout avec ce qu’il s’est passé dernièrement. Penser à la mort c’est déjà faire un pas vers celle-ci. Il m’a aussi parlé d’un carnet où il notait toutes ses pensés. Il faut croire que je ne suis pas la seule à parler à mon journal .


Ce soir, je me suis portée bénévole pour aller aider les pompiers à s'entraîner. Je te raconterai comment cela s’est passé. Normalement le philosophe devrait m’accompagner, j’ai hâte.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


J’ai participé à l'entraînement des pompiers. Après un briefing à l’aéroport, nous nous sommes placés sur la plateforme en attendant l’arrivée des pompiers. Ils nous ont fait embarqué sur des bateaux et nous avons été pris en charge dans un PMA. En sortant du bateau, j’ai glissé ce qui m’a bien fait rire et un autre pompier aussi. J’ai vraiment apprécié que l’on puisse participer à cet entraînement. Avec les autres “victimes” nous avons bien rigolé en attendant l’arrivée des pompiers. Ils voulaient qu’on imite le titanic et il y en a même un qui m’appelle Rose depuis. A la fin nous avons pu assister au débriefing, j’aime bien l’ambiance conviviale qu’il y a là-bas.


Du côté de l’entreprise, nous enchainons les convois entre les fournisseurs et mes entrepôts et les heures de traitement. Nous prenons également du temps pour les intérimaires. Mais en ce moment c’est assez décourageant. Il y a beaucoup d’explosions sur la nationale de Kavala et tous les jours j’ai en moyenne un camion sur deux ou sur trois qui explosent. Pour aider les personnes sans beaucoup de moyens financier, je ne leur fait pas payer de caution. Du coup avec les assurances à repayer cela commence à faire pas mal de perte d’argent. Heureusement presque à chaque fois, les personnes arrivent à sauter du camion avant qu’il explose il n’y a donc pas trop de victimes.


J’avais plusieurs décisions à prendre. J’essaye d’en parler un peu autour de moi pour confronter mon avis à celui des autres. Lorsque j’ai revu le dissimulé, je lui ai parlé d’un point qui concerne la société. Depuis je n’ai plus de nouvelles. J’aurai aimé avoir son aide pour prendre cette décision, mais je ne pouvais plus attendre.


Je pense souvent à l’ancien bras droit de mon frère. Il s’en fait pour moi et je m’inquiète pour lui aussi. Ces derniers temps il a cherché à me parler. Il veut des explications sur certaines de mes décisions. Des fois j’ai envie qu’il comprenne ce que je n’arrive pas à lui dire. Avec tout le temps qu’il a passé à la AriSteel il me connait assez pour arriver à deviner un peu ce qu’il se passe. Mais seul mon frère arrivait à lire en moi comme dans un livre ouvert.


Après mon travail à la AriSteel, je peux parfois passer un peu de temps avec l’audacieux. Il me raconte ces journées assez chargées. Il m’a prévenu que dans les prochains jours il risque d’être pas mal occupé. Ce n’est pas le moment de l’inquiéter.


Je ne sais pas ce que je vais faire pour faire face, mais en tout cas il va falloir trouver une solution rapidement.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,



Voilà maintenant plusieurs jours pendant lesquels je ne t’ai rien raconté. Et pourtant, il s’en passe des choses. La AriSteel tourne bien et il va falloir s’organiser au mieux durant les jours qui arrivent pour ne pas se laisser dépasser par la charge de travail. Rien que lundi nous avons eu pas moins de 50 contrats en seulement quelques heures. Mon entrepot s’est vite rempli le philosophe a donc fait l'acquisition d’un entrepôt. Résultat de la journée, même avec un entrepôt supplémentaire, les stocks sont pleins. Forcément avec 15 camions en même temps sur la mine ou le traitement il y a eu des petits accidents. Nous avons malheureusement eu 6 camions qui ont explosé, mais enfin avec la conduite et le non-respect de nos consignes de certains, c’était à prévoir. Nous réfléchissons à diverses méthodes afin d’améliorer les choses que ce soit au niveau de notre organisation et également à des moyens de prévention à mettre en place.


Cela fait quelques temps que j’ai des retours de travailleurs ou de personnes indépendantes se plaignant que la gendarmerie est moins présente sur Kavala. C’est vrai qu’il se tournent un peu plus vers les autres cantons depuis que leur QG est basé à Athira. Les opportunistes en profitent et je vois que le nombre de braquage reprend de l’ampleur. Je sais aussi que mes travailleurs se sont fait interpellés plusieurs fois par un groupe qui se fait appellé “le silence”. Cela me dit quelque chose. Il y a quelques mois, un groupe se faisait appeler comme ça, mais je doute que ce soient les même. Pour l’instant ils ne font pas de mal à mes travailleurs. Reste à savoir quel est leur but et s’ils vont rester pacifique avec l’entreprise.


Le GIC est revenu à la AriSteel. Manque de chance pour eux je devais arriver seulement quelques minutes plus tard. C’est le philosophe qui a été pris en otage a ma place. J’ai prévenu la gendarmerie dès le début de l’enlèvement. La gendarmerie a négocié avec le GIC et ils sont finalement reparti. Ce soir là il me semble qu’un de leur hélico s’est posé pas très loin de moi. Je leur ai échappé de peu.


Je n’ai pas revu l’audacieux depuis plusieurs jours. J’ai entendu quelques rumeurs, cela pourrait expliquer pourquoi il peut-être voulu prendre du recul. Et puis en ce moment je ne pourrai de toute façon pas trop lui accorder de temps. L’entreprise me prend quasiment tout mon temps. D’ailleur le philosophe se posait des questions et avait une photo de l’audacieux et moi. Comme il me trouvait distante ces derniers temps, il craignait que je ne réponde pas à ses questions. Il m’a menotté et enfermé dans sa maison jusqu’à ce que je lui parle. Nous avons abordé différents sujets sur tout ce qu’il se passe en ce moment. J’ai proposé qu’on se lance dans une nouvelle expérience. Il était d’accord pour me suivre.


Dans les jours prochains, je vais donc peut-être intégrer un nouveau groupe. Je ne sais pas vraiment si ma présence va être bien perçue. Je me suis quand même fait capturer et menacer par des personnes de ce groupe. Enfin c’était il y a quelques temps et il faut tourner la page.

Avec le philosophe, nous avons donc réfléchi un peu à ce que cette nouvelle fonction allait impliquer. Je connais déjà quelques petites choses dans un domaine. Pour le reste j’ai peur d’être complètement ridicule. Enfin je suppose que comme n’importe qui d’autre je vais apprendre.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


J’ai fait mes premiers pas dans le nouveau groupe. J’ai appris avec surprise que l’audacieux avait aussi été recruté récemment. Du coup nous avons eu le droit à une petite session d’entrainement à trois avec le philosophe, l’audacieux et moi. Bon, moi je connais le passé de chacun et je sais que je suis la seule à qui il faut apprendre à tirer. Nous avons donc fait plusieurs exercices, qui ont été un peu laborieux pour certains. Heureusement que le grand chef est plutôt patient et indulgent.


Une autre surprise, mon botaniste est revenu. Il a disparu pendant des mois et un soir je le retrouve assis sur les chaises de la AriSteel comme s’il était parti il y a seulement quelques jours. Il aimerait qu’on passe un peu de temps ensemble mais en ce moment c’est compliqué de trouver du temps quand on enchaîne le travail toute la journée.


J’ai également fait confiance à quelqu’un que je ne connais pas vraiment personnellement. Cela ne me ressemble pas. Je verrai dans les jours à venir si sa parole est fiable. Je fais confiance au philosophe, et je pense qu’il m’aurait dit si cela avait été une mauvaise idée. De toute façon je suis comme ça, si je peux offrir mon aide je le ferai. Même si parfois cela m’a porté préjudice.


Du côté du GIC tout est plutôt calme. On me rapporte de temps en temps, ils sont ici ou ils sont la-bas. Mais ils ne sont pas revenu. Tant qu’ils me laissent tranquille je ferai de même.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Le philosophe et moi prenons un peu de temps pour aller avec ce nouveau groupe auquel nous appartenons tous les jours un peu plus. Nous sommes allés nous entraîner de nouveau. On ne peux pas vraiment dire que je me soit amélioré au tir. Mais bon, tout le monde est sympathique dans ce groupe et on ne me critique pas pour mes fautes.


J’ai passé quelques heures à discuter avec le dissimulé. Les quelques points de son projet qui me dérangeaient ont fini par disparaître. Cela m’a pris du temps, mais j’ai fini par aller vers lui. Nous avons appris à un peu mieux nous connaître. Je suis consciente du potentiel qu’il a, mais aussi de ses failles. Je reste sur mes gardes, car j’ai vu plus d’une personne dans sa position se laisser aveugler par le pouvoir et la haine.


Alors que tout semble aller pour le mieux, un nuage assombrit le ciel. Je n’arrive plus à parler avec l’audacieux. Il s’est toujours montré très présent en m’écrivant très souvent des messages. Au début cela ne me dérangeait pas, mais petit à petit je me suis sentie oppressée. Je sais qu’il s’inquiète pour moi et que cela part d’un bon sentiment mais je sens qu’il attend plus de ma part. Au début j’ai hésité sur ma réponse mais plus il insiste plus le malaise se renforce. Je me souviens qu’il y a seulement quelques semaines, nous discutions beaucoup et maintenant je n’arrive plus à lui écrire ou lui parler. Pourtant dès que je le vois, il semble toujours aussi sympathique, mais ses messages me font tellement culpabiliser.

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[Marie-Elise De la Touche]

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Cher journal,

Je ne supportais plus la tension qu’il y avait entre moi et l’audacieux, nous avons donc pris du temps pour se retrouver et discuter de tout et de rien. Ca me fait plaisir de retrouver mon ami, même si je sais que nous n’avons pas abordé de sujet un peu plus conflictuel.

J’ai revu mon botaniste. Nous avons échangé quelques nouvelles. Il m’a demandé si je pouvais faire quelque chose pour lui, mais cela dépasse ma volonté, je ne pense pas avoir l’occasion de l’aider. Il prend souvent de mes nouvelles et me demande souvent si tout va bien et s’il n’y a pas de problème. Comme s’il se doutait de quelque chose.
Quelques jours plus tard il est revenu me voir avec ses amis. Ils étaient venus m'annoncer que Papi avait été remis aux forces de l’ordre. Cela m’a rappelé ce qu’il m’avait dit ce jour-là alors qu’il était en liberté conditionnelle. D’après lui, mon témoignage sur ce qu’il s’était passé, aurait suffit pour qu’il aille en prison. Mais il m’avait aussi confié que la prison ne l’effrayait pas, parce qu’il avait les contacts pour en sortir rapidement. Quelques minutes après le passage du botaniste et de ses amis, j’ai reçu un message d’avertissement. Il faut croire que mon pressentiment était plutôt bon.


Nous sommes dans la période des élections sénatoriales. J’ai essayé de me libérer pour assister à quelques meetings. J’aurai voulu pouvoir assister à tous les meetings mais mon emploi du temps reste assez chargé. J’ai tout de même pu assister aux résultats.


J’ai recroisé Marco, a plusieurs reprises. Il vient de temps en temps faire des convois avec moi. On a pu discuter un peu et il s’est lancé dans un nouveau projet. Je lui ai aussi fait part de certaines idées que j’avais depuis un moment. J’hésite encore à me lancer, je ne sais pas si mon projet sera bien accueilli par les citoyens de l’île.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Je continue à faire tourner la AriSteel en compagnie du philosophe. Après une longue période sans travailleurs, de nouvelles têtes ont fait leur apparition. Ce sont souvent quelques habitués qui reviennent en ce moment. J’ai pas mal d’échos sur les différentes entreprises qui sont dans les alentours. Certaines ne sont vraiment pas nettes et apparemment les rumeurs circulent vite. Je trouve ça vraiment incroyable : comment peuvent-ils faire du mal à leur propres travailleurs ? J’espère vraiment me tromper sur leurs activités.


Un de mes travailleurs m’a aussi fait part de menaces qu’il recevait en ce moment. A vrai dire j’ai reçu les mêmes il y a quelques jours, mais je ne lui ai pas dit pour ne pas l’inquiéter. Je ne me cache pas et je n’ai rien à me reprocher. S’ils me font encore du mal je vois mal comment ils pourront encore dire qu’ils sont pour le bien du peuple. Ce qui m’énerve c’est l’espèce de propagande qu’ils font. Ils se font passer pour des gentils. Avant auprès de la gendarmerie et maintenant auprès des civils.


J’ai repassé quelques moments en compagnie du dissimulé. La dernière fois, il m’a redemandé ce que je pensais de lui. Je commence à mieux le cerner depuis les dernières semaines. Je lui ai donné un trait de son comportement. Apparemment il n’a pas apprécié. Je ne suis pas là pour le brosser dans le sens du poil. Il a directement vu le côté négatif dans le trait de caractère que j’ai donné. S’il n’est pas prêt à accepter la critique, il ne faut pas venir me demander d’être sincère. J’ai essayé de lui faire comprendre qu’il lui manque de la prise de recul. Il devrai se remettre en question sur des points où il ne connaît pas grand chose. Dans ses paroles j’ai compris qu’il n’était pas prêt à faire ce travail. Dans la suite de notre discussion, il a changé de ton et certaines phrases trahissaient très largement qu’il mentait ou en tout cas qu’il ne disait pas toute la vérité. Lui et son frère on décidément les mêmes manies de changer de ton selon les situations. Je pense que cela est tellement naturel pour eux qu’ils ne l’ont même pas remarqué. Enfin, tout ça pour dire que cela m’a vexé qu’il me mente de la sorte.

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[Marie-Elise De la Touche]

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Cher journal,

Cela fait maintenant quelques semaines que je ne t’ai rien raconté. Tout s'enchaîne très vite, les journées sont longues et il y a beaucoup de travail. Entre les convois, les traitements, les journées avec les intérimaires, mon entreprise me prend beaucoup de temps.

Les projets avancent. Grâce à l’aide du philosophe, le contrat pour les CDI a été réécrit, bien que les fondements restent les même. J’ai eu quelques demandes mais j’aimerai avoir plus de personnes. Dès que j’aurai un peu plus de travailleurs en CDI, j’ai prévu de leur offrir un peu plus que du travail.

En ce qui concerne mes autres projets, cela se concrétise enfin. Après plusieurs semaines d’hésitations j’ai créé un syndicat pour les entreprises. Pour moi ce sera l’occasion de créer un moment pour les entreprises afin qu’elles parlent de leur activité mais comparé à la CNPA, j’aimerai également qu’il y ai des projets qui émergent de ces réunions. Enfin après tout dépend des participants. Pour moi cela va permettre de partager plus de choses et de ne pas rester chacun dans son entreprise. Je suis un peu sceptique, les premières réaction à la publication de la présentation de mon association n’ont pas été très positives. Enfin on verra ce que cela donnera avec les premières réunions.

Un autre de mes projets concernait un garage. Quelques personnes sur l’île étaient au courant que j’avais bien envie d’installer un garage a côté de la AriSteel. Mais Desmond a été plus rapide que moi et a réussi à acheter un garage qui était en vente. Nous en avons parlé et je suis devenue actionnaire de ce garage. J’espère que celui-ci pourra être relocalisé dans les prochains jours.


Il y a quelques jour j’ai reçu un mail avec une proposition inattendue. Le nouveau président, Jack O Neil, m’a proposé le poste de ministre de l’industrie et de l’écologie. Il lui fallait une réponse rapidement mais j’ai quand même pris quelques jours de réflexions. J’ai demandé à quelques personnes de mon entourage ce qu’ils en pensaient. Il y a des pours et des contres. Mais c’est aussi une opportunité de peut-être faire entendre certaines idées qui sont trop souvent maintenues sous silence. J’ai accepté le poste aujourd’hui. Je vais essayer de découvrir ce que cela implique. Les prochaines semaines me permettront de voir si j’ai fais le bon choix.

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[Marie-Elise De la Touche]

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Cher journal,


Cela fait un moment que je n’ai pas écrit, je t’ai ouvert plusieurs fois pourtant. Mais que dire ? mes journées sont bien remplies, la AriSteel, la BGS et le gouvernement m’occupent bien.

Dans l’ensemble tout va bien, même si quelques nuages viennent de temps à autres assombrir le ciel.

Une des personnes qui vient souvent à la AriSteel, s’est mis à faire des photos de l’île. Il y a plusieurs mois j’en avais également fait quelques unes. Altis est vraiment une belle île et peu de personnes s'arrêtent pour admirer la beauté du ciel quand il change de couleur. Je lui ai montré une photo que j’avais prise lors d’une excursion dans l’est. Mais je me rappelle surtout avec qui j’ai pris cette photo et c’est surement pour ça que j’aime cette image, car elle est synonyme d’un moment vraiment agréable.


Au niveau du gouvernement j’arrive, je pense, à accomplir mon rôle. Je pourrai sans doute faire plus mais on va dire que dans un premier temps cela suffit. Comme tous les autres, je suppose, on me fait des remarques désagréables que j'essaye d’occulter le plus possible. J’ai des rendez-vous formel, et j’ai très souvent des demandes directement à la AriSteel, pour des questions plus simples. Au final, comme je l’avais espéré quand j’ai pris ce poste, j'essaie d’être disponible et je pense que les personnes qui viennent me voir apprécient cette proximité. Il n’y a pas forcément besoin d’un rendez-vous prévu à l’avance pour une simple question. Je vois certains projets se créer et ça me fait plaisir de voir les motivations que suscite toujours l'entreprenariat.
Au final j’ai souvent l’impression d’arriver à me débrouiller, je n’ai pas vraiment de comptes à rendre sur tout ce que je fais et c’est agréable d’être assez libre. Et puis pour les projets un peu plus conséquents il y a François, on partage certaines idées et du coup c’est facile de travailler ensemble.
Je m'entend plutôt bien avec certains membres du gouvernement, par contre pour d’autres, c’est plus compliqué. Il y a beaucoup de “moi je” “moi d’abord”. Je ne comprend pas que l'intérêt ne soit pas plus porté vers les autres. Les civils et leurs projets, pour moi c’est ça qui est intéressant.Certaines mesures me semblent disproportionnées et me rappelle de là où l’on vient. Alors bien sur certains civils protestent. Malheureusement, ils se trompent de cible.


Enfin, il y a ces personnes qui essayent de me faire peur on dirait. Je pense avoir saisi un de leur sous-entendu mais ils se trompent s’ils pensent que je vais aller pleurnicher. On verra bien ce que cela donnera, ils se lasseront sûrement tout comme les autres avant eux.

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[Marie-Elise De la Touche]

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Cher journal,


J’ai un peu plus de temps en ce moment. Toutes les activités de l’île sont un peu au ralenti. Les habitants de l’île reprennent l’avion pour aller voir leur famille restée sur le continent.


Je repense un peu au passé et comment j’en suis arrivée là. Je me suis rendue aux différentes demeures qui ont été occupé par le groupe qui m’a accueilli à mon arrivée sur l’île. Je me demande quelle trace ils ont laissé sur l’île. Qui sait au final tout ce qu’ils ont fait, tout ce qu’on a fait … Je suis retournée à côté de cette maison de bord de mer qui empeste encore la chair putréfiée. J’ai retrouvé une petite cachette dont mon frère m’avait parlé. Il avait mis une petite boite dans laquelle j’ai retrouvé des cachets que Filigan nous avait donné. Ce grand scientifique m’épatait toujours. Pour moi, il ressemblait aux caricatures de scientifiques un peu fou qu’il y a dans les films. Il avait fait plusieurs découvertes qui ne devaient pas tomber entre de mauvaises mains et à l’époque du LPA ce n’était pas simple.


Je suis ensuite retournée aux maisons que nous avions plus dans les terres. C’est là où je m’étais installée aussi. J’ai retrouvé la maison de mon frère, là où j’ai passé mes premières nuits sur l’île. A ma grande surprise il reste quelques affaires. J’ai fouillé un peu, il n’y a rien d’important, des photos, des factures, de la vaisselle. Je suppose que lorsqu’il est parti il a laissé tout ce qui était superflu. Et puis dans sa chambre, j’ai retrouvé un carton avec des photos de moi. Mes premières expéditions au pétrole, au charbon. Quelques photos de la AriSteel. J’y ai aussi trouvé mon premier billet d’avion pour l’aéroport national d’Athira datant du 5 juillet 2022. Déjà un an que je suis sur l’île. Et puis au fond du carton j’ai retrouvé une photo de famille, mère, père, Jean-Eude, Edouard et moi. Cela doit être une des rares photos que nous avons tous ensemble. Je dois être âgée de seulement quelques mois sur cette photo.

Cela fait plus d’un an que je n’ai pas parlé à mes parents. J’y pense souvent. J’avais commencé à leur écrire mais je ne sais pas quoi leur dire. Je me demande s’ils me cherchent ou s’ils sont déçu par ma conduite tout comme ils l’ont été lors du départ de mes deux frères. Et puis j’ai beaucoup perdu des principes que l’on m’a enseigné, les manières de parler, de se tenir, de se comporter. Cela ne me convenait pas et, en dehors du cocon familial j’ai appris à travailler dur. Les petites cuillères en argent, sur l’île ça n’existe pas.


J’ai également retrouvé la dernière carte postale qu’Edouard m’avait envoyé lorsque je vivais encore dans la demeure familiale. En la regardant je me dit que c’est peut-être grâce à ça que tout a commencé.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Il se passe tellement de choses ces temps-ci que je n’ai pas vraiment eu le temps d’écrire quelques mots sur ces pages.

Ces derniers temps, tout avait repris un peu son cours comme auparavant. J’ai recommencé à bien faire fonctionner la société. La AriSteel est redevenu un lieu de rencontre avec des rire et une petite bière en fin de travail .

Du côté gouv j’ai poursuivi des rendez-vous pour les entreprises, les accords de licences, les renseignements.

Et puis tout s’est accéléré, la gendarmerie et le RFE ont recommencé à se taper dessus mutuellement, comme à leur habitude. Ils ont amené des membres du gouvernement directement sur le champs de bataille et Rick Brooks s’est fait tué. Je connaissais assez peu Rick mais pour moi c’était une petite fouine qui n’était pas à sa place et cela lui a coûté la vie. Suite à cet incident, Jack a décidé de démissionner. Le sénat était censé reprendre la main le temps de nouvelles élections mais Stark qui s’était placé en retrait depuis quelques semaines a refait surface. Monsieur a repris une place de gouverneur sans que personne ne s’y oppose. Et la gendarmerie n’a absolument rien fait contre, enfin je pense même qu’ils le soutenaient. Mais bon heureusement l’administration a repris son cours avant que Stark puisse faire trop de dégâts. Le sénat a repris la main durant cette période d’élection.

Durant cette période le RFE a encore fait parlé de lui. Le chef du groupe s’est encore fait capturé par la gendarmerie. Plusieurs de mes collègues, membre du gouv ou PDG se sont fait capturer. Le RFE est également venu me chercher mais heureusement je leur ai échappé de justesse.

En parallèle un petit groupe dont je fais parti s’est créé. Il n’y avait pas grand chose qui nous destinait à créer ce genre de projet ensemble mais finalement notre vision du gouvernement nous a rassemblé. Mais il nous manquait quelque chose, personne dans notre groupe ne voulait vraiment prendre la première place et devenir président. Depuis le début de notre travail, nous formons une bonne équipe ou chacun a ses qualités et nous nous complétons tous au niveau de nos compétences. Nous discutons tous ensemble et n’avons pas besoin de leader. J’avais alors proposé une idée qui a été bien accueilli par l’ensemble du groupe. Nous allons mettre en place au gouvernement, un conseil ou tout le monde aurait le même pouvoir. Chaque personne du conseil pourra donner son avis sur tous les domaines et nous prendrons les décisions tous ensemble.

Nous avons ensuite rédigé notre programme. Nous avons beaucoup d’idées et je vois que nous sommes sur la même longueur d’onde. C’est la vision que j’avais auparavant, mais il était difficile de la partager avec des ministres que je ne connaissais pas. J’espère de tout coeur que nous arriverons à faire quelque chose de bien.

Les candidatures ont été rendues publique il y a une semaine et nous avons été un peu surpris d’être les seuls candidats. Nous sommes du coup un peu perdu, est-ce qu’il y aura quand même des élections ? Mais nous avons décidé de poursuivre notre campagne normalement et de présenter notre vision et notre programme au cours d’un meeting qui s’est tenu hier. J’avais pas mal de réticences à parler en public et sur le nombre de personnes que cela intéresse. Tout s’est plutôt bien passé. Nous avons également été mis au courant qu’il n’y aurai surement pas de vote. Nous avons demandé au sénat en place de valider notre candidature.
J’espère que les premières démarches administratives vont se passer rapidement pour que l’on puisse rapidement mettre nos projets en oeuvre.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,

La passation de pouvoir s’est faite il y a deux jours. Je n’ai pas pu y participer mais j’ai rejoins les autres plus tard dans la soirée. Nous y sommes, l’accession au gouvernement n’a pas été si difficile, elle a juste demandé beaucoup de travail. Je sais que le plus dur n’est pas arriver à avoir le poste mais c’est de faire ses preuves avec les moyens qui nous sont donnés.

Nous avons fait un premier conseil pour avancer rapidement sur certains points. Malgrés toute la bonne volontée que l’on met à l’ouvrage, je ressens quelque chose de sombre arriver.

Je n’en ai pas parlé aux autres. A vrai dire, je pense beaucoup à mon frère en ce moment. Je me demande souvent qu’est-ce qu’il ferai à ma place. C’était lui qui était destiné à avoir un rôle semblable au mien. C’était avant que toutes les petites souris quittent l’île.

Et si l’histoire se reproduisait ? J’y pense souvent depuis qu’ils sont revenu de voyage. Ils ont aidé mon frère à se dévoiler et ensuite ils sont parti. Une fois sans défense, ces vermines nous ont attrapé et m’ont utilisé contre mon frère. Au final, ils ont gagné la partie, mon frère est parti, me laissant seule. Ma plus grande des fierté est également devenu ma plus grande des faiblesses, m’avait-il écrit après son départ. Il m’avait raconté que son envie d’avancer s’était arrêté au moment ou le LPA devait me tuer.

Les petites souris sont finalement revenues comme si rien ne c’était passé. J’ai hésité à leur en parler plusieurs fois, mais quand je les observe je me dit souvent que cela n’a plus aucune importance pour eux.
Ces fantômes du passé me hantent depuis des mois et je n’arrive pas à m’en débarrasser.


Enfin, il y a aussi les préoccupations du moment. Aujourd’hui j’ai envie qu’il comprenne le sens de cohésion. Il place lui-même des barrières entre nous et lui. Je ne sais plus quoi faire pour lui montrer que nous sommes là. Je suis triste de voir qu’il n’a pas assez foi en nous pour nous laissez l’aider. Je suis triste de voir qu’il s’éloigne de moi.

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[Marie-Elise De la Touche]

Cher journal,


Est-ce moi qui ne convient pas ? Ai-je pris les mauvaises décisions ? Ai-je fais confiance trop rapidement ?
Qui est en tord, je n’arrive pas à le déterminer. Bien sur, c’est toujours plus facile de trouver un seul fautif mais je ne suis pas comme ça. En prenant de la hauteur on se rend compte que la faute est plus partagée qu’on ne le pense.

Je suis énervée et triste que le projet ne fonctionne pas. Il n’est peut-être plus temps de se demander pourquoi ça ne fonctionne pas mais plutôt comment réagir. Je ne veux plus supporter de voir un tel échec. Je songe à partir si les choses ne s’améliorent pas.

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